Les visiteurs en haute saison ont considérablement compliqué la vie quotidienne des résidents des centres urbains du monde entier ; certaines villes connaissent une augmentation du nombre de touristes, parfois supérieure à celui de leurs habitants. Certains touristes adoptent des comportements destructeurs, comme un incident récent où un individu a gravé son nom dans l'emblématique Colisée de Rome, en Italie.

Venise, ville romantique, peine à supporter les touristes

Venise, la "Ville flottante", est construite sur des îles reliées par des ponts et des canaux et est une destination prisée des voyageurs internationaux. La ville lutte déjà contre le problème de l'affaissement en raison de l'élévation du niveau de l'eau et doit faire face à des défis accrus en raison de l'afflux élevé de touristes chaque année.

Les habitants se plaignent que le tourisme, y compris les nombreux navires de croisière qui font escale, contribue à augmenter les niveaux de pollution dans la ville. Le Comité du patrimoine mondial de l'UNESCO a exprimé des préoccupations concernant l'impact sur les nombreux monuments historiques de Venise.

Pour remédier à ces problèmes, la ville a mis en place des réglementations strictes sur le tourisme. Des infractions telles que le jet de déchets, les comportements indisciplinés, la nudité en public, l'accrochage de cadenas d'amour et la dégradation des arbres ou des bâtiments sont maintenant passibles de lourdes amendes.

À partir du 1er juin 2024, les groupes touristiques seront limités à 25 personnes, s'étendant non seulement à Venise mais également aux îles de Burano, Murano et Torcello. De plus, l'utilisation de haut-parleurs sera interdite dans ces zones.

Ces initiatives visent à améliorer la vie des habitants locaux, qui ont exprimé leurs préoccupations quant à l'impact du tourisme excessif sur la ville et ses voies navigables. Avec des chiffres de touristes dépassant fréquemment la population locale, les résidents ont du mal à faire face aux rues et aux ponts congestionnés essentiels à leur navigation dans la vie quotidienne.

La ville a fait les gros titres il y a des années pour son interdiction des grands navires de croisière. De plus, les excursionnistes doivent s'inscrire en ligne et payer des frais pouvant aller jusqu'à 10 € par personne. Le défaut de pré-réservation et de paiement des frais peut entraîner une amende de 300 €.

Certaines exemptions

Passer la nuit dans la ville vous dispense de ces frais et de l'obligation de réserver en ligne, car les frais sont déjà inclus dans l'hébergement. Les autres catégories de visiteurs exonérées des frais sont les enfants de moins de six ans, les visiteurs handicapés et les propriétaires d'appartements de vacances à Venise munis d'une preuve de paiement des impôts fonciers.

Le Japon en a assez des touristes indisciplinés

La stratégie touristique du Japon a établi le pays comme une destination de premier plan pour le tourisme mondial, attirant des millions de visiteurs chaque année pour explorer son riche patrimoine culturel et ses attractions naturelles époustouflantes. Cependant, l'augmentation du nombre de touristes, en particulier dans les centres animés comme Tokyo, Osaka et Kyoto, a suscité des inquiétudes quant à la surpopulation et a incité à une meilleure gestion des flux touristiques.

En 2018, le Quartier général de promotion du tourisme durable a publié une politique "Vers un pays développé du tourisme durable" définissant des lignes directrices stratégiques pour freiner le surtourisme. Toutefois, une augmentation des voyageurs après la pandémie a incité de nouvelles stratégies pour aborder les avantages économiques du tourisme par rapport aux inconvénients potentiels pour les communautés locales japonaises.

La stratégie préconise de détourner les touristes des bus pour les inciter à prendre le train, en particulier à Kyoto, dans le but de réduire la congestion. Cependant, des défis se posent en raison du réseau ferroviaire actuellement sous-développé de Kyoto.

L'initiative promeut également le tourisme dans les zones rurales, mettant en avant leur charme unique et créant des expériences spéciales, montrant ainsi des promesses pour résoudre le surtourisme dans les grandes villes. Le succès dépend de l'équilibre entre l'attraction touristique et la croissance économique durable pour les communautés locales.

Impliquer les habitants dans les discussions politiques dans les 20 régions favorise une prise de décision inclusive et un tourisme durable. Les modèles de collaboration contribuent à résoudre les problèmes de surtourisme mais doivent offrir des avantages économiques substantiels pour les communautés locales.

Une barrière pour bloquer le mont Fuji

Le mont Fuji, le plus haut sommet du pays, offre des vues pittoresques depuis de nombreux endroits dans la ville touristique de Fujikawaguchiko. Cependant, ce point de vue spécifique est particulièrement attrayant pour les touristes car il offre des vues sur le majestueux, et actif, volcan qui forme un arrière-plan derrière un magasin de proximité, une vue omniprésente à travers le Japon.

Les autorités japonaises, frustrées par le comportement indiscipliné des touristes étrangers s'aglutinant sur des espaces populaires avec vue sur le mont Fuji, envisagent d'ériger une énorme barrière pour obstruer ces vues prisées par les visiteurs. La barrière, un filet en treillis qui culmine à 2,5 mètres de haut et s'étend sur la longueur d'un terrain de cricket, soit 20 mètres, est prévue pour être construite prochainement. Cette installation marque la réponse la plus récente au surtourisme au Japon, après la décision des résidents du quartier des geishas de Kyoto d'interdire l'accès aux petits passages privés plus tôt cette année.

Pendant la prochaine saison estivale, les randonneurs empruntant l'itinéraire le plus populaire pour grimper au mont Fuji devront payer des frais de 2 000 ¥ chacun (environ 10,50 £, 13,35 $), avec des restrictions sur le nombre de grimpeurs, afin de diminuer la fréquentation.

Amsterdam veut éliminer sa réputation de "ville de fête"

La municipalité d'Amsterdam a récemment attiré l'attention avec une initiative sans précédent sous le nom de : "rester loin", principalement destinée aux hommes britanniques âgés de 18 à 34 ans. Des mots-clés comme "enterrement de vie de garçon" ou "hôtel pas cher Amsterdam" ont déclenché des publicités gouvernementales sévères mettant en garde contre un comportement imprudent impliquant des drogues et une consommation excessive d'alcool dans la capitale néerlandaise, mettant en évidence les conséquences potentielles telles qu'une amende de 140 €, un casier judiciaire et des dommages durables pour la santé.

Malgré les critiques émises par nombreux commentateurs néerlandais, des recherches menées par l'analyste de l'industrie du voyage ForwardKeys, basées sur la base de données de billetterie de l'Association du transport aérien international (IATA), suggèrent que la campagne pourrait être efficace. Les réservations de vols entre le Royaume-Uni et Amsterdam ont diminué de 22% entre 2019 et cette année, tandis que des destinations comme Paris et Athènes ont enregistré des augmentations.

Les habitants du centre-ville, qui sont depuis longtemps exaspérés par les fêtards bruyants et sales, ont remarqué un changement avec moins de visiteurs exhubérants.

Comme d'autres villes telles que Barcelone et Venise, les autorités d'Amsterdam mettent en œuvre des mesures drastiques pour réduire le tourisme gênant, même si cela signifie dissuader les touristes : elles ont aussi récemment imposé des heures de fermeture plus tôt pour les établissements du quartier rouge, interdit la consommation de cannabis dans les lieux publics.

• Voir également notre précédent article : Le Côté Obscur du Surtourisme

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