Inondations à Dubaï : La faute au changement climatique ?



Publié le 2024-05-06 17:24:46
Tempête à Dubaï - Photo de Kent Tupas sur Unsplash

La mi-avril de cette année a été le témoin d'inondations sans précédent dans certains pays du Moyen-Orient. Les experts en climat incriminent le réchauffement climatique plutôt que l'ensemencement de nuages, comme cela avait été spéculé sur diverses plateformes de médias sociaux.

Les Émirats arabes unis, Oman, Bahreïn et l'Arabie saoudite sont généralement réputés pour leur climat désertique, brûlant et sec, mais des averses torrentielles soudaines ont provoqué des inondations généralisées, entraînant quelques décès et des dommages étendus.

Les États du Golfe sont toujours occupés à réparer les autoroutes inondées et les bâtiments endommagés. Des populations entières ont été touchées alors que l'électricité était perturbée, les écoles fermées, les vols annulés et les gens incapables de se rendre au travail.

Près de deux ans de précipitations en l’espace d’une journée

Le chaos a régné dans la ville de Dubaï alors que des tempêtes de pluie s'abattaient sur la ville, entraînant une montée rapide des niveaux d'eau. Au cours de cet événement, qui a duré moins de 24 heures, les Émirats arabes unis ont connu leurs plus fortes précipitations depuis 75 ans, date du début du relevé. Dubaï, en particulier, a reçu l'équivalent de plus d'un an et demi de pluie dans ce laps de temps.

Les chercheurs ont établi un lien entre les précipitations sans précédent qui ont frappé les Émirats arabes unis, Oman et les États du Golfe voisins il y a deux semaines et le changement climatique. Un groupe de 21 scientifiques et chercheurs, faisant partie du World Weather Attribution (initiative mondiale d'études météorologiques), a conclu que le changement climatique amplifiait les événements de précipitations extrêmes dans cette région - des événements qui se produisent généralement pendant les années El Niño - les rendant entre 10 et 40 % plus intenses qu'ils ne l'auraient été sans le réchauffement climatique.

Des dommages et des décès

Il y a eu dix-neuf décès à Oman, dont des enfants scolarisés piégés dans un bus. Aux Émirats arabes unis, quatre personnes ont perdu la vie dans les inondations.

En réponse aux conditions météorologiques défavorables dans diverses provinces, le gouvernement omanais a accordé un jour de congé au personnel administratif des secteurs public et privé. De plus, le travail à distance a été recommandé pour d'autres régions du sultanat. Les habitants ont été fortement encouragés à évacuer vers des abris s'ils percevaient une quelconque menace pour leur sécurité ou s'ils en étaient informés par les autorités. Selon les médias d'État, la police et le personnel militaire ont été déployés à Ash Sharqiyah North, la province la plus durement touchée par le mauvais temps, pour faciliter l'évacuation des citoyens des zones inondées.

À Dubaï, les scènes de voitures abandonnées sur les principales autoroutes inondées étaient courantes. Les gens étaient piégés dans leurs véhicules et devaient être secourus. Les écoles ont été fermées à l'échelle nationale et les fonctionnaires gouvernementaux ont été encouragés à travailler à distance, si possible. Alors que de nombreux travailleurs ont choisi de rester chez eux, certains ont bravé les conditions. Malheureusement, quelques-uns se sont retrouvés coincés lorsque leurs véhicules se sont immobilisés dans des eaux inattendues et profondes sur certaines routes. Les dommages matériels étaient importants, de nombreux résidents étant confrontés à des réparations massives et coûteuses de leurs maisons.

L'aéroport international de Dubaï, l'un des aéroports les plus fréquentés au monde, a annulé des vols et des milliers de voyageurs se sont retrouvés bloqués à l'aéroport en attendant la reprise des vols. Les autorités ont eu la complication supplémentaire de devoir prendre en charge ces scores de passagers bloqués à l'aéroport.

Opérations massives de nettoyage

Dubaï a dû relever le défi redoutable de dégager ses routes inondées et de restaurer les maisons inondées afin que les gens puissent rentrer chez eux dès que le mauvais temps se serait calmé.

L'aéroport international de Dubaï a eu du mal à gérer le retard des vols, tandis que de nombreuses routes restaient submergées à la suite du déluge. On voyait souvent des camions-citernes envoyés par les autorités sur les autoroutes et les rues pour pomper l'excès d'eau.
La plupart des pays du Moyen-Orient ont besoin de systèmes de drainage mis à jour car les systèmes de drainage existants ne peuvent pas suivre le niveau élevé des précipitations en aussi peu de temps.

Qu'est-ce que l''ensemencement des nuages ?

L'ensemencement des nuages est une forme de modification du climat visant à augmenter les précipitations ou les chutes de neige (pour les Emirats, cette technique consiste à “faire pleuvoir” artificiellement). Les gouttelettes de nuage ne se forment pas automatiquement ; elles nécessitent une surface sur laquelle se condenser. Dans les nuages, il existe de minuscules particules en suspension dans l'air appelées noyaux de condensation, qui servent de surface pour l'accumulation d'humidité. Le processus de semis de nuages utilise des avions et des canons terrestres pour disperser des particules dans les nuages, augmentant ainsi le nombre de noyaux et attirant l'humidité. Lorsque ces gouttelettes fusionnent, elles deviennent plus lourdes et finissent par précipiter sur la surface de la Terre sous forme de pluie ou de neige.

Généralement, les précipitations sont rares aux Émirats arabes unis et dans d'autres parties de la péninsule arabique connue pour son climat désertique aride. Pendant l'été, les températures peuvent dépasser 50 degrés Celsius. Par conséquent, le caractère sans précédent des fortes pluies a fait spéculer les gens sur le fait qu'il s'agissait d'une catastrophe d'origine humaine grâce à l'ensemencement de nuages, une pratique entreprise aux Émirats arabes unis et dans les régions avoisinantes, qui aurait pu provoquer les fortes pluies.

Face aux accusations qui se sont propagées sur les réseaux sociaux, le Centre national de la météorologie aux Émirats arabes unis a déclaré à CNBC qu'aucune expérience d'ensemencement des nuages n'avait été menée dans les jours ou heures qui ont précédé les violents orages. Les experts en climat estiment que de tels phénomènes météorologiques extrêmes sont très probablement liés au réchauffement climatique, bien qu'il soit difficile d'en mesurer précisemment les causes.

Des rapports indiquent que les fortes précipitations provenaient d'une tempête persistante qui a traversé la péninsule arabique et s'est étendue dans le golfe d'Oman sur plusieurs jours. Cette tempête a transporté une quantité suffisante d'humidité tropicale depuis des régions près de l'équateur et l'a déversée en torrents sur la région.

"Les précipitations des orages, comme ceux observés aux Émirats arabes unis ces derniers jours, connaissent une augmentation particulièrement forte avec le réchauffement. Cela est dû au renforcement de la convection, qui est le puissant courant ascendant dans les orages, dans un monde plus chaud", a déclaré Dim Coumou, professeur en climatologie à l'université d'Amsterdam.

Des études suggèrent que le changement climatique entraînera des températures plus élevées, une humidité accrue et un risque accru d'inondations dans la région du Golfe dans un avenir prévisible. Des pays comme les Émirats arabes unis, manquant d'infrastructures de drainage adéquates pour gérer les fortes pluies, pourraient subir le contrecoup de ces changements.

Possiblement la fin des projets d'extension de Dubaï sur la côte

Cela pourrait marquer un arrêt définitif à ces projets extraordinaires (et très coûteux) d'îles artificielles en forme de palmiers (Palm Jumeirah, Palm Jebel Ali et Palm Deira) ou nommées "The World" et s'étendant dans le golfe Persique, car ils pourraient tous même disparaître si le changement climatique escalade de manière dramatique.

Les deux projets ont déjà été confrontés à des défis, notamment des préoccupations environnementales, des problèmes d'infrastructure et des retards. De plus, comme mentionné précédemment, il y a des inquiétudes quant à leur viabilité à long terme face au changement climatique et à l'élévation du niveau de la mer.

Le prince héritier de Dubaï, Cheikh Hamdan bin Rashid Al Maktoum, a souligné que la garantie de la sécurité des citoyens, des résidents et des visiteurs restait la priorité absolue.


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Rubrique:
Actualités

Auteur: KashGo
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