Pourquoi êtes-vous partis à l'étranger ?
Les Pyrénées nous ont donné le goût de la randonnée, et de l'aventure en général. Très vite, cet intérêt a grandi et le projet de parcourir le monde pour arpenter de nouveaux sentiers a germé dans nos esprits. C'est ainsi que fin 2019, on a quitté nos emplois, notre quotidien et nos biens matériels pour partir à l'aventure avec seulement un sac à dos, notre matériel photo et un billet en aller simple. On ne connaissait alors que notre première destination : la Nouvelle-Zélande.
Comment avez vous été touché par la crise du Covid-19 ?
La pandémie a pris de l'ampleur alors que nous étions en Nouvelle-Zélande depuis 2-3 mois. A ce moment-là, on commençait à prévoir la suite de notre voyage, et étions même sur le point d'acheter nos billets d'avion pour l'Asie, où nous voulions poursuivre notre aventure. Finalement, la crise s'est nettement accélérée et il n'était plus question de partir…
Nous avons alors décidé de chercher un hôte HelpX près d'Auckland. L'idée était d'en profiter pour découvrir plus amplement la région, tout en étant proche de l'aéroport. On espérait en effet que la situation mondiale s'améliore rapidement, nous permettant de reprendre le voyage... Cependant les événements ont été bien différents puisque fin mars, le confinement total a été annoncé.
Nous avons eu la chance d'être déjà installé chez notre hôte au moment de l'annonce. Le coeur sur la main, il nous a tout de suite rassurés en nous disant que l'on pourrait rester, peu importe la durée du confinement ; il a même accueilli d'autres voyageurs à la dernière minute! On s'estime privilégiés, car d'autres n'ont pas eu cette chance et ont plutôt été poussés dehors à la dernière minute, dans la panique…
Nous avons vécu le confinement très sereinement, car la situation de la Nouvelle-Zélande était bien moins alarmante qu'en Europe par exemple. La maison dans laquelle on était accueillis était à 100m de la mer, nous permettant de prendre l'air tous les jours, un vrai luxe ! Finalement, cette situation nous a permis de tisser des liens et vivre des moments totalement inattendus.
Quelles ont été les consignes mises en place en Nouvelle Zélande ?
La Nouvelle-Zélande a souvent été citée en exemple pour sa gestion de la crise, et surtout les résultats qui en ont découlé. La première ministre, Jacinda Ardern, a humblement expliqué qu'il lui avait suffit d'observer la situation dans le reste du monde pour connaître la marche à suivre ; en effet, le virus n'est arrivé sur l'archipel que fin mars. Cependant, le confinement total a tout de suite été mis en place, laissant simplement 48h à la population pour s'y préparer.
Dans le pays, tout le monde s'est plié aux consignes sans rébellion ; il semblerait que les Néo-zélandais soient très respectueux, et aient confiance en leur gouvernement. Il faut préciser aussi que malgré sa superficie proche de celle de la France, la Nouvelle-Zélande ne compte que 5 millions d'habitants ! Cette faible densité a aidé à stopper la progression du virus, tout comme la fermeture des frontières qui est forcément très efficace sur une île.
Tous ces éléments réunis font qu'au bout d'environ 7 semaines, le nombre de cas était retombé à 0. Quand le déconfinement a été annoncé, la vie a donc repris son cours totalement normalement, sans masques ou autres précautions. Comme les frontières sont restées fermées, on a également eu l'avantage de pouvoir voir le pays sous un angle inédit : sans touristes ! La plupart d'entre eux avaient en effet quitté le pays, et les paysages sauvages des deux îles en ont d'autant plus révélé leurs beautés !
Comment gagnez vous votre vie ?
Nous avions quitté nos emplois avant notre départ, et avons fait le choix de ne pas travailler en Nouvelle-Zélande, bien qu'ayant un PVT. Nous avions en effet suffisamment d'économies, et préférions profiter du voyage et d'expériences telles que le Wwoofing [le World-Wide Opportunities on Organic Farms (WWOOF) est un réseau mondial de fermes biologiques, dans lesquelles les hôtes se proposent d'accueillir des WWOOFers pour partager leurs connaissances, leur savoir-faire, leur quotidien et leurs activités avec la possibilité pour ces derniers de se voir offrir le gîte et le couvert - NDLR].
A notre retour en France, Jules a facilement retrouvé un emploi dans son domaine, la direction d'établissement de santé. Sandie exerce le métier de graphiste-illustratrice en freelance, un statut qui lui a permis de continuer à travailler sur quelques projets pendant le voyage. Elle continue depuis notre retour (voir son profil sur MALT),pour le moment à domicile, mais est aussi à l'écoute des opportunités d'emploi dans ce domaine.
Avez vous une une expérience avec des enfants, et notamment la gestion de l'école à distance ?
Nous n'avons pas d'enfants, mais notre hôte HelpX lui, en avait 3 ! Gérer l'école à la maison était l'une de nos missions quotidiennes. Leur programme étant différent du nôtre, et bien sûr en anglais, ce n'était pas toujours évident... Le plus difficile était de faire en sorte que les enfants restent concentrés. Car en Nouvelle-Zélande, tous les élèves (en tous cas dans cette école-là) suivent leurs cours sur iPad. C'est très pratique pour l'école à distance, mais aussi pour basculer sur Fortnite ou autres jeux tout en ayant l'air de faire ses devoirs. Nous, cela nous aura surtout appris à faire preuve de patience !
Quelle est votre opinion personnelle sur la façon dont la pandémie est actuellement gérée en Nouvelle Zélande ? Et quel est votre regard en comparaison avec ce qui est fait en France (ou dans votre pays d'origine) ?
Nous sommes admiratifs de la façon dont la pandémie a été gérée en Nouvelle-Zélande, mais n'en dévalorisons pas pour autant la gestion française. Déjà car ce n'est pas notre rôle, mais aussi comme dit plus haut, car la Nouvelle-Zélande possède des avantages que la France n'a pas, notamment au niveau de la densité de population ou des frontières. Cela ne les a pas empêché de connaître une deuxième vague au mois d'août, bien que relativement contenue.
Depuis notre retour, nous respectons simplement les consignes du gouvernement français. Nous limitons nos déplacements, évitons les centres villes, les lieux publics et les rassemblements autant que possible… Cela fait longtemps que les balades en pleine nature sont notre moyen d'évasion favori, alors cela ne nous pose aucun problème !
Comment avez vous géré la relation avec votre famille et vos amis en France ?
On était en contact très régulier avec nos familles pendant notre voyage ; on se donnait même des nouvelles plus régulièrement qu'en étant à France, à quelques heures à peine les uns des autres ! Quand nous étions tous confinés dans nos pays respectifs, les appels vidéos avec les amis étaient aussi plus fréquents. La pandémie avait toujours une place importante dans la conversation, car nous l'avons tous vécu de manière très différente…
Aujourd'hui, nous sommes encore en contact presque quotidien avec une italienne rencontrée chez notre hôte HelpX pendant le confinement. Nous avons partagé ensemble 7 semaines de vie et tissé de vrais liens, ce qui est assez rare en voyage. En tous cas pour notre part, la plupart des autres rencontres que l'on ait faites étaient plus éphémères, puisque nous partagions rarement plus d'une semaine ensemble.
Hors crise sanitaire, quelle est la chose que vous préfériez en tant qu'expat en Nouvelle-Zélande ?
La raison pour laquelle nous étions venus était la randonnée, et les paysages néo-zélandais ne nous ont pas déçus. La faune a aussi été une bonne surprise, puisque nous avons eu la chance d'observer des baleines, des manchots antipodes, des lions de mer, et des dizaines d'espèces d'oiseaux que l'on ne peut observer nulle part ailleurs.
Globalement, la diversité de paysages et de climats répartis sur la superficie de ces deux îles est un vrai atout : montagnes, volcans, forêts luxuriantes, côtes pacifiques…
Et quelle est la pire des choses pour un expat en Nouvelle-Zélande ?
Pour des amateurs de randonnée habitués aux petits sentiers des Pyrénées, l'aspect très touristique des randonnées néo-zélandaises a été une déception… Les sentiers très aménagés et souvent bondés ont gommé l'aspect sauvage que l'on était venus chercher ici. Cela dit, le déconfinement et l'hiver austral nous ont permis de profiter de quelques uns de ces sentiers de manière beaucoup plus privilégiée ; on a particulièrement apprécié ces moments !
Ensuite, le manque de culture et de cette touche de “dépaysement” était aussi décevant. La culture maorie est relativement peu présente - ou uniquement mise en avant par des tours guidés très touristiques - et le mode de vie est très occidental.
Qu'est ce qui vous manque le plus ?
On ne va pas être très originaux, mais le fromage et la gastronomie en général sont ce qui nous a le plus manqué ! Heureusement, ce manque a bien été compensé pendant le confinement, puisque nous passions beaucoup de temps à cuisiner les uns pour les autres. Il faut préciser que les Néo-zélandais produisent du fromage et du vin, mais qui - en bons chauvins que nous sommes - ne rivalisent avec ceux de France !
Cela dit, nous n'avons jamais vraiment mal mangé, surtout chez les locaux, et on trouvait facilement de bons produits.
Avant les mesures de distanciation. qu'avez vous fait pour rencontrer du monde et vous intégrer dans votre nouvelle vie ? Et comment cela se passe-t-il depuis ?
On rencontrait souvent des gens au gré de notre itinéraire, en particulier le soir dans les free-camps où on passait la nuit en van. Mais la plupart du temps, chacun reprenait la route le lendemain et on ne gardait pas contact. Parfois, on faisait du Wwoofing ou du HelpX, et on tissait donc des liens une semaine ou deux avec les locaux qui nous accueillaient, et leurs proches. Même si l'on a gardé contact avec certains, on repartait généralement à la fin de notre séjour avec la quasi certitude que nous ne nous reverrons jamais…
Depuis notre retour en France, nous voyons de temps en temps nos amis en prenant nos précautions ; par contre nous ne faisons pas de nouvelles rencontres, à part dans le travail.
Quelle est l'habitude que vous trouvez la plus étrange dans votre culture d'adoption ?
Une image qui nous revient tout de suite est celle des 4x4 alignés sur la plage le dimanche. En Nouvelle-Zélande, beaucoup ont ce type de gros véhicule puisque les routes ne sont pas toutes revêtues. Et pour leur barbecue dominical, certains aiment aller en famille sur la plage : avec la radio à fond et les grillades qui fument, ils ne passent pas inaperçus ! Certains chargent même leur quad à l'arrière pour que les ados puissent faire des tours dans le sable...
C'est assez représentatif de l'influence américaine, et très contradictoire avec l'image très éco-responsable que l'on peut avoir de la Nouvelle-Zélande.
Qu'est-ce qui est un mythe sur votre pays d'adoption ?
Comme on le sous-entend dans le paragraphe précédent, l'éco-responsabilité de la Nouvelle-Zélande relève plus du mythe que de la réalité…
Leurs sentiers de randonnée sont très bien entretenus et aménagés, ce qui leur permet de protéger la nature environnante. Ils déploient également beaucoup de moyens pour protéger leur faune et leur flore, en particulier leurs oiseaux natifs tels que le kiwi. Mais disons que pour y parvenir, les méthodes sont beaucoup moins louables : les prédateurs tels que les possums ou les fouines sont massivement chassés, tout comme les lapins. Parfois, cela se traduit par des battues depuis un hélicoptère, ou par le déversement massif de poison par le même moyen, ce qui a eu pour conséquence la pollution de nombreux cours d'eau.
Quant aux célèbres troupeaux de moutons, ils sont la partie émergée de l'iceberg, derrière laquelle se cachent des élevages de cerfs et de vaches tout aussi conséquents, et la production intensive de pins. Comparé à la superficie du pays ou à sa population, cela paraît énorme ! Mais beaucoup de ces produits sont en fait destinés à l'export, en particulier vers l'Asie.
Pour notre part, nous n'avions pas d'idée préconçue sur la question, mais nous pensions vraiment que la Nouvelle-Zélande était précurseur par rapport à la France sur de nombreux aspects de l'écologie, notamment les énergies renouvelables. Sur place, ce n'est pas l'image que l'on en a eu...
Quel avis donneriez-vous aux autres expatriés ?
La Nouvelle-Zélande est un beau pays à visiter, et notre ressenti peut être à l'opposé de celui d'autres voyageurs ! Si la destination tente de futurs expatriés, on ne peut que leur conseiller de tenter l'expérience.
Le conseil que l'on pourrait donner serait de ne pas prévoir un séjour trop court ; les routes néo-zélandaises sont petites et peu nombreuses, il vaut donc mieux prévoir du temps pour aller d'un point A à un point B. Et la météo étant très changeante, on n'est jamais certain de pouvoir partir randonner quand on l'avait prévu… Parfois, il faut patienter plusieurs jours en se baladant dans les environs en attendant la bonne fenêtre météo ! Ce serait donc dommage de rater un point d'intérêt majeur parce que le timing est trop serré…
Et évidemment, les 19 000 km à parcourir pour atteindre ces îles nécessitent que le séjour ne soit pas trop court ! Selon nous, 2 mois est un minimum, mais 3 à 4 mois peuvent être suffisants pour vraiment visiter le pays.
Quand et pourquoi avez vous débuté votre blog ?
Nous avons débuté notre blog début 2019. Il est venu en complément de notre compte Instagram et notre chaîne YouTube.
Nos débuts sont le fruit d'une incroyable opportunité et de belles rencontres : en 2018, alors que l'on partageait les images de nos randonnées uniquement prises avec un iphone et une gopro, une société organisant des croisières privées sur un voilier en Norvège nous contacte. Ils nous proposent de participer à leur croisière voile & rando en échange de contenu photo et vidéo. C'est là que l'on rencontre Lola et Sébastien du blog Freelensers, qui n'ont pas leur pareil pour vous transmettre leur passion ! Pour l'occasion, on a donc investi dans nos premiers équipements, et on s'est investis dans Hors-Pistes de plus en plus au fil des mois.
Quels bénéfices avez vous trouvé au travers de votre blog ?
On adore ramener de belles images de nos randonnées, tant pour les partager que pour se créer des souvenirs. Nos réseaux sociaux nous ont permis de répondre à cette envie, mais aussi de créer une communauté autour de cette passion, et encore mieux, de donner lieu à de belles rencontres !
Mais les posts étant relativement succincts et éphémères, nous cherchions un moyen de pouvoir parler plus amplement de randonnée, en partageant notamment nos conseils et itinéraires. Le blog est une formidable plateforme pour cela, et nous permet de discuter avec une nouvelle communauté qui vient y chercher de idées et des conseils.
L'été néo-zélandais approchant, nous prévoyons de partager de nouveaux articles sur la destination prochainement. N'hésitez pas à surveiller notre section dédiée, ou à vous abonner à notre newsletter pour ne rien rater !
La fiche du blog : Hors Pistes
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Guide de l'expatriation à Aukland et en Nouvelle Zélande
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