Histoire de Zurich

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La Suisse

Dès 1500 av. J.-C., des tribus celtes de chasseurs-cueilleurs s'installent sur les plaines au nord des Alpes. Quant aux plus anciennes traces de peuplement agricole, découvertes à Gächlingen, on estime qu'elles remontent probablement à 5300 avant Jésus-Christ. Les principaux vestiges témoignant du peuplement du pays datent du Néolithique. En 58 av. J.-C., les Helvètes, poussés par la pression migratoire des tribus germaniques, tentent de s’installer en Gaule. Jules César les repousse lors de la bataille de Bibracte et ils sont reconduits sur leur territoire d'origine, avant d'être progressivement intégrés dans l'Empire romain. Plusieurs des principales villes suisses ont été fondées par les Romains, dont Bâle, Zurich, Genève, Lausanne et Coire. Malgré cette domination des Romains, le peuple « Helvète » reste un des plus importants dans l'histoire du pays et certaines pièces de monnaie et timbres postaux en portent encore la mention.

Lors de la chute de l'Empire romain occidental, les tribus germaniques envahissent le pays. Les Francs envahissent la France et s'installent près de Paris, ce qui n'empêche pas de nombreux aspects de la culture romaine de perdurer. Les Burgondes s'établissent le long de la chaîne montagneuse du Jura, dans la Bourgogne et la Suisse francophone actuelles. Les Alamans s'installent quant à eux au sud de l'Allemagne méridionale et au nord de la Suisse. Ces tribus sont à l'origine de l'actuelle culture suisse germanophone. Ils conservent leur langue germanique, de même que les tribus nordiques qui s'établissent en Allemagne et en Scandinavie. Le plurilinguisme actuel de la Suisse remonte indubitablement à la division linguistique entre les Burgondes et les Alamans. Les tribus celtiques intègrent ces nouvelles influences et ne laissent que peu de traces dans la Suisse actuelle.

Au Moyen Âge, le système féodal se développe en Europe. Sous la dynastie des Carolingiens, les monastères et les évêchés constituent la base de la souveraineté. En 843, le Traité de Verdun divise la Suisse en deux : la partie occidentale est incluse dans la Francie occidentale de Charles II, alors que la partie orientale est incluse dans la Francie orientale de Louis le Germanique.

Le règne des Carolingiens s'affaiblit considérablement au Xe siècle. Les Sarrasins envahissent le Valais et les Hongrois détruisent Bâle en 917 et Saint-Gall en 926. Le roi germanique Othon Ier reprend ces terres en 955, lors de la bataille du Lechfeld. Au XIIe siècle, les ducs de Zähringen prennent possession des territoires de Bourgogne. Ils fondent les villes de Fribourg en 1157 et de Berne en 1191. Leur dynastie prend fin à la mort de Berthold V en 1218 et les villes se retrouvent de nouveau sous la coupe du Saint Empire romain.

Les cols des Alpes prennent de l'importance entre les XIe et XIIIe siècles. Ces régions auparavant inaccessibles deviennent des régions économiquement très désirables. Les habitants du canton du Valais développent un système de conduites d'eau en bois et de passerelles de pierre abruptes afin de s'installer dans les cantons d'Uri et des Grisons. Les routes commerciales se développent avec l'aménagement du col du Saint-Gothard, itinéraire direct à travers les montagnes.

Le roi allemand Frédéric II exempte Uri (1231) et Schwytz (1240) des pouvoirs des ducs et les soumet à la juridiction directe du roi. Lorsque le Roi Rodolphe de Habsbourg meurt en 1291, les habitants des cantons d'Uri, de Schwyz et d'Unterwald s'unissent pour s'affranchir de la domination des comtes de Habsbourg. Pour affirmer son autorité sur la région, Albrecht (ou Hermann) Gessler, le bailli autrichien nouvellement nommé, fait ériger un mât surmonté de son chapeau, obligeant ainsi tous les habitants - sous peine de mort - à se courber devant le couvre-chef. Guillaume Tell passe plusieurs fois devant le poteau coiffé sans faire le geste exigé. Gessler lui ordonne alors de percer d'un carreau d'arbalète une pomme posée sur la tête de l'un de ses propres fils, Walter. En cas d'échec, tous deux seront mis à mort. Le 18 novembre 1307, Guillaume Tell s'exécute et coupe le fruit en deux sans toucher l'enfant. Tell confesse alors avoir préparé une seconde flèche, expliquant que si la première avait touché son fils, la seconde aurait frappé le bailli en plein cœur. Gessler fait arrêter Guillaume Tell sur le champ. On l'emmène d'abord à Flüelen, où l'on embarque pour Brunnen avant de mener le prisonnier au château du bailli à Küssnacht, où Tell doit finir ses jours dans une tour. Mais, au cours de la traversée du lac des Quatre Cantons, une tempête menace la frêle embarcation. Guillaume Tell est détaché pour participer aux manœuvres de la barque. Arrivé à proximité du rivage, il bondit à terre au lieu-dit Tellsplatte et réussit à s'échapper. Par la suite, Tell tue Gessler d'un carreau d'arbalète en plein cœur sur un chemin entre Immensee et Küssnacht. Son histoire marque le début de la rébellion, menant par la suite à la formation de la Confédération suisse. Les Habsbourg sont chassés de leur château, la légende suisse de Guillaume Tell est née.

La corruption ayant privé l'Église catholique romaine de sa crédibilité, commence alors une série de réformes. Lancée par Martin Luther en Allemagne, la Réforme protestante menée par Huldrych Zwingli gagne Zurich, puis s'étend à Genève sous l'influence de Jean Calvin. La Suisse est alors divisée :
Les villes progressistes comme Zurich, Bâle, Berne, Neuchâtel et Genève adoptent la foi réformée.
En revanche, les régions rurales et peu développées de Suisse centrale (comme Lucerne) sont moins réceptives et demeurent conservatrices et catholiques.

La Révolution française a d'importantes répercussions en Suisse. Les libéraux de Suisse occidentale se révoltent contre la Confédération suisse. En 1798, les troupes de Napoléon Bonaparte occupent la Suisse et un état centralisé est mis en place. Cependant, la défaite de Napoléon à Waterloo bouleverse à nouveau le pays et la Suisse redevient un état fédéral en 1815. Les cantons de Saint-Gall, des Grisons, d'Argovie, de Thurgovie, du Tessin, de Vaud, du Valais, de Neuchâtel et de Genève adhérent alors à la Confédération.

Entre 1815 et 1848, les libéraux et les conservateurs s'opposent sur la structure à donner à la Suisse. Au Congrès de Vienne de 1815, les puissances européennes reconnaissent la neutralité perpétuelle de la Suisse. Les cantons s'affirment grâce à la restauration des autonomies cantonales et s'opposent en tant que cantons conservateurs ou libéraux. Le conflit entre progressistes et conservateurs s'approfondit en 1846 lorsque les cantons conservateurs forment une alliance secrète avec l'Autriche, provoquant une guerre civile (Sonderbund). Le conflit est mené par le général Guillaume-Henri Dufour , général de l'armée fédérale, et aboutit à la création de la Constitution fédérale de 1848. L'État fédéral ainsi créé est une confédération de 22 cantons autonomes (aujourd'hui 26), avec un système bicaméral semblable au modèle des États-Unis d'Amérique.

Dans la deuxième moitié du XIXe siècle, la Suisse développe sa légendaire tradition humanitaire grâce à l'initiative de Henri Dunant, homme d'affaires suisse. Choqué par le sort des soldats blessés lors de la bataille de Solferino (1859, entre l'Autriche et la France), il écrit un livre intitulé « Un souvenir de Solférino » qu'il publie en 1862. Il obtient la tenue d’une conférence internationale sur les questions humanitaires en temps de guerre. En 1864, douze gouvernements d'Europe signent la première des conventions de Genève « pour l’amélioration du sort des militaires blessés dans les armées en campagne ». Le Comité international de la Croix-Rouge est créé.

La Suisse ne prend part à aucun des deux conflits mondiaux. Pendant la Première Guerre mondiale (1914-1918), la question de la neutralité helvétique ne cesse d’être débattue, bien que les principales puissances impliquées respectent la position du pays. Lors de la Seconde Guerre mondiale (1939-1945), la Suisse est entièrement entourée par les troupes nazis. Bien qu'ayant respecté son principe de neutralité, l’attitude de la Suisse pendant la guerre est l’objet de grandes controverses ; on lui reproche en particulier d’avoir refoulé des milliers de réfugiés juifs et d’avoir acheté de l’or juif volé par les nazis. Dans cette époque traumatisante, la Suisse subit des pressions des deux groupes de belligérants. Pour tirer tout cela au clair et faire amende honorable, le gouvernement suisse nomme une Commission Indépendante d’Experts (CIE) pour enquêter sur le rôle exact de la Suisse pendant la Seconde Guerre mondiale.

En 1963, la Suisse devient membre du Conseil de l'Europe. Les femmes obtiennent le droit de vote en 1971 et le pays admet le principe de l'égalité des sexes en 1981, avec l'introduction d'un article sur l'égalité dans la Constitution fédérale. En 1979, la Suisse gagne un nouveau canton, le Jura, issu d'une partie du canton de Berne.

Le peuple suisse s'étant prononcé en faveur de l'adhésion à l'ONU, la Suisse en devient membre à part entière en 2002 et renforce sa position sur sa neutralité. La Suisse n'est pas un État membre de l'Union européenne, mais depuis 2005, le pays a signé une série d'accords bilatéraux avec l'UE, notamment les accords de Schengen et de Dublin.

Zurich

Les recherches archéologiques montrent que, comme pour toute la Suisse, la région zurichoise est habitée dès le Néolithique et l'Âge de bronze. Des vestiges sont découverts dans les années 1800, immergés dans le lac de Zurich. Les Helvètes celtes occupant la région s'installent en grande partie aux alentours du lac de Zurich. Après la conquête de l'Helvétie orientale par l'empire romain en l'an 15 avant J-C et en raison de sa situation géographique, Zurich devient un poste de douane important pour les marchandises transitant de et vers l'Italie. À cette époque, les Romains fondent une base militaire sur le Lindenhof. Des fortifications sont construites jusqu'aux environ de l'an 400 après J-C. La plus ancienne mention écrite du nom Zurich, dans sa forme latine « Turicum », provient d'une pierre tombale datant du IIe siècle après J.-C. et retrouvée dans le quartier du Lindenhof de la vieille ville.

Entre le début du Moyen Âge et le milieu du IXe siècle, il existe peu d'informations sur l'histoire de Zurich. Les Alamans arrivent dans le pays à la faveur des invasions barbares et atteignent la région de Zurich au VIe siècle. Par la suite, la ville passe au mains des premiers rois Francs, les Mérovingiens.

En 853, Louis II le Germanique, petit-fils de Charlemagne, fait construire un couvent à Zurich, à l'emplacement des tombes de Félix et Régula, les saints patrons de Zurich. La plus ancienne église de la ville est l'église Saint-Pierre, bâtie sur l'emplacement d'un lieu sacré romain. Ces sites religieux jouent un grand rôle dans la vie religieuse de la ville, attirant de nombreux érudits.

Au XIIe siècle, la ville s'agrandit et se développe. Avec l'extinction de la branche principale de la famille Zähringer en 1218, Zurich est déclarée ville libre impériale, directement subordonnée à l'Empereur. Des remparts sont construits autour de la ville au cours du XIIIe siècle. À cette époque, des Ordres mendiants se forment. La Mère Supérieure de l'Abbaye jouit d’un pouvoir considérable, qui en fait la véritable souveraine de la ville.

Le pouvoir politique du couvent commence à diminuer à partir du XIVe siècle, avec l'établissement en 1336 des lois corporatives par Rudolf Brun, qui devient aussi le premier maire indépendant, non désigné par la Mère Supérieure. À partir de ce moment, la ville glisse vers la domination des corporations.

Au cours des XIVe et XVe siècles, l'actuel canton de Zurich est établi. En 1351, il rejoint la Confédération suisse mise en place par les « cantons primitifs ». La Guerre de Zurich éclate (1436-1450), la ville étant politiquement partagée entre l'Autriche et la Confédération. La ville se tourne alors vers le commerce textile : soie, lin et laine. La ville prospère devient une modeste cité artisanale.

En 1519, Ulrich Zwingli mène la Réforme en Suisse. Il vit et prêche à Zurich jusqu'à sa mort en 1531. En partie à cause de ses enseignements, une guerre civile religieuse éclate dans le pays (deuxième guerre de Kappel).

Zurich est au cœur de la Réforme dans la Suisse germanophone. Mais au cours des XVIe et XVIIe siècles, Zurich adopte une attitude de plus en plus aristocratique et isolationniste. L'élévation d'un deuxième cercle d'impressionnants remparts en 1642 est un signe de cette tendance. Le financement de cet ambitieux projet se fait par la levée de nouveaux impôts, donnant lieu à des révoltes violemment réprimées. L'industrie textile est relancée et la ville connaît une nouvelle période de prospérité. Depuis 1648, la ville a changé son statut officiel de Reichsstadt à République, comme Venise et Gênes.

Au XVIIIe siècle, Zurich connaît un essor culturel important, grâce à de nombreux érudits tels que Johann Jakob Bodmer, Johann Jakob Breitinger, Salomon Gessner et Johann Caspar Lavater. De 1803 à 1814, le canton de Zurich est l'un des six cantons directoriaux. Cependant, le statut de la ville est à nouveau modifié lors de la chute de l'Ancien Régime sous la République helvétique. Zurich perd sa souveraineté et ses privilèges économiques à la suite de pétitions de sa population rurale. La plupart des remparts construits au XVIIe siècle sont démolis.

En 1833, Zurich tente d'obtenir une révision du Pacte fédéral afin de bénéficier d'un puissant gouvernement central. En 1839, Zurich réussit à devenir la capitale fédérale, seulement pendant une année. Une nouvelle constitution fédérale est votée le 12 septembre 1848, qui définit la Suisse comme un nouvel État fédéral et centralisé.

À partir du milieu du XIXe siècle, Alfred Escher, homme politique Suisse surnommé le tsar de Zurich, lance le projet de construction des chemins de fer. En 1880, une ligne ferroviaire relie l'Italie à la Suisse et à l'Allemagne. En 1847, le « Spanisch-Brötli Bahn » devient la première ligne de chemin de fer intérieure de la Suisse. Elle relie Zurich à Baden, faisant de la Zürich Hauptbahnhof la première gare du réseau ferroviaire suisse. Elle est rénovée et agrandie en 1871.

En 1839, le gouvernement libéral offre à David Strauss, auteur de La Vie de Jésus et théologien libéral, un poste de professeur à Zurich. Ce choix suscite beaucoup de mécontentement auprès des habitants des campagnes, conservateurs et critiques à l'égard de la modernisation, et entraîne la formation de comités d'opposition. Les radicaux deviennent assez impopulaires avant de reprendre le pouvoir en 1845-46. Les politiciens de Zurich occupent une place importante dans le gouvernement fédéral.

Au cours du XIXe siècle, Zurich devient la capitale économique de la Suisse. La Bahnhofstrasse de Zurich (rue de la Gare) voit le jour en 1867 et la bourse des valeurs de Zurich est fondée en 1877. En 1902, le monastère médiéval est détruit pour laisser places à de nouvelles installations. La ville est en pleine mutation, sur la voie de la modernisation.

La Suisse n'a pas été occupée pendant la Seconde Guerre mondiale et a préservé sa neutralité légendaire. Néanmoins, sa situation enclavée au cœur de pays belligérants n'épargne pas son économie et sa société qui sont fortement affectées par la guerre. Le Suisse connaît de grandes difficultés d'approvisionnement en nourriture et marchandises diverses. Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, la Suisse connaît un essor économique important qui engendre un besoin accru de main-d’œuvre. S'ensuit alors une vague d'immigration massive, principalement depuis les pays d'Europe du sud. Fondamentalement, la Suisse reste anti-communiste et très conservatrice.

Dans les années 80, plusieurs mouvements de révolte éclatent parmi la jeunesse suisse, notamment à Zurich en 1980. Ces émeutes dénoncent la culture bourgeoise largement subventionnée et l’absence de soutien à une culture plus alternative. L'élément déclencheur est l'allocation par les autorités de la ville de Zurich d'un budget important à l'Opéra municipal. Un groupe se faisant appeler le Groupe d'Action Rote Fabrik affronte les forces de l'ordre lors d'un rassemblement de protestation, exigeant des locaux pour la culture jeune non-commerciale et alternative. Le mouvement de la jeunesse débouche sur la création de Centres de Jeunes Autonomes (CJA) et apporte un nouveau souffle à la ville.

Zurich est depuis toujours à la pointe des idées nouvelles et du progrès, donnant l'impulsion au pays tout entier. Particulièrement confrontée au fléau de la drogue dans les années 90, la ville de Zurich est à l'origine d'une politique nationale moins répressive et plus rationnelle. Ces dernières années, Zurich a été élue de nombreuses fois comme la ville offrant la meilleure qualité de vie au monde.

Mise à jour 26/02/2014

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