Seuls les deux candidats arrivés en tête peuvent participer au second tour. Hormis ceux-ci, il faut en effet réunir au moins 12.5% des inscrits pour pouvoir se maintenir, ce qui est impossible pour quiconque au vu du niveau de l'abstention qui s'est établit à 78%, et ceci bien que le vote par Internet ait été possible cette fois-ci.

Les résultats des différents circonscriptions

Cette fois ci plus de raz-de-marée macroniste comme en 2017 où dans 8 circonscriptions sur 11 le candidat LREM obtenait plus de 50% des voix (et finalement remportait, avec le Modem, 10 circonscriptions sur 11 - seule la circo 8 qui comprend Israël, ayant choisit le candidat LR/UDI Meyer Habib en 2017). Tout en demeurant macronistes en majorité (il suffit de voir le score au premier tout de la présidentielle), les Français de l'étranger ont été plus balancés dans leurs choix puisque la NUPES sera présente au second tour dans toutes les circonscriptions sauf la 8e.

Circonscription 1 : Etats Unis et Canada

51.387 personnes ont voté sur les 240.978 personnes inscrites, soit 21,32% de participation au premier tour (dont 78,8% des votants via Internet). Le score est ici très serré puisqu'environ 2% des voix séparent le député sortant Roland Lescure (LREM) qui a reçu 35,88% des voix et Florence Roger (LFI-NUPES) avec 33,43 %​. En 2017 le candidat macroniste avait recueillit 57% dès le premier tour, balayant le député sortant LR Frédéric Lefebvre qui n'avait rassemblé que 14%. Il avait même obtenu le plus fort score sur l'ensemble des circonscriptions des Français de l'étranger en 2017 avec 79,7% au second tour.

Circonscription 2 : Amérique Latine

11.286 personnes ont voté sur les 75.610 personnes inscrites (plus de 3 fois moins que pour la première circo), soit 14,93% de participation au premier tour (dont 63,9% des votants via Internet). Éléonore Caroit (LREM) est arrivée en tête avec 34,57 % des voix et affrontera Christian Rodriguez (LFI-NUPES) qui a obtenu 28,20 %

Circonscription 3 : Grande Bretagne et Europe du Nord

42.510 personnes ont voté sur les 148.639 personnes inscrites, soit 28,6% de participation au premier tour (dont 88,2% des votants via Internet). Il y a 5 ans, le nouveau venu macroniste avait écrasé Axelle Lemaire, ministre au numérique dans le gouvernement PS qui n'avait pas démérité selon l'avis général, avec 57% contre 9% dès le premier tour et 70% au second tour.

Cette fois ci le résultat est beaucoup plus serré puisque le député sortant Alexandre Holroyd (LREM) rassemble 38,51 % contre Charlotte Minvielle (EELV-NUPES) 31,46%.

Circonscription 4 : Belgique, Luxembourg, Pays Bas

43.069 personnes ont voté sur les 148.196 personnes inscrites, soit 28,77% de participation au premier tour (dont 80.36% des votants via Internet). Pieyre-Alexandre Anglade (LREM) a recueilli 38,93 % des voix et sera opposé à Cécilia Gondard (PS-NUPES) avec 32,47 %.

Circonscription 5 : Espagne, Portugal et Monaco

25.197 personnes ont voté sur les 105.049 personnes inscrites, soit 23,99% de participation au premier tour (dont 78,3% des votants via Internet). Le candidat de la NUPES (EEVL) Renaud Le Berre est arrivé premier avec 27,89% des voix, devant le député sortant et candidat à sa réélection Stéphane Vojetta (dissident-LREM - 24,6%), éliminant de fait Manuel Valls dès le premier tour (16.17%).

Les Français de l'étranger n'ont pas du beaucoup apprécier les va-et-vient de l'ancien Premier ministre socialiste. Bien qu'ayant réussit à être adoubé par le parti d'Emmanuel Macron pour se présenter aux élections dans la 5e circonscription des Français de l'étranger, Manuel Valls est arrivé loin derrière le député LREM sortant, qui avait peu goûté d'être remplacé au dernier moment et avait maintenu sa candidature.

Rappelons que bien que réélu de justesse aux élections législatives de 2017 dans sa circonscription d'Evry, Valls avait d'abord 'définitivement' quitté la France pour se présenter à la Mairie de Barcelone en 2018 ("J'ai dit que quoi qu'il arriverait, je resterai à Barcelone, c'est un choix de vie personnelle" déclarait-il au JT de France 2 cette même année), puis retraversé les Pyrénées dans l'autre sens en 2021 après son échec en Espagne.

Circonscription 6 : Suisse et Liechtenstein

33.903 personnes ont voté sur les 149.821 personnes inscrites, soit 22,63% de participation au premier tour (dont 76% des votants via Internet). Marc Ferracci (LREM) 36,49 % est arrivé largement devant la candidate NUPES Magali Mangin (LFI) qui récolte 20,28 % des voix.

Ici, c'est le député sortant qui a fait des vagues : Joachim Son-Forget, ancien macroniste, est arrivé neuvième après avoir accumulé les polémiques (et notamment des propos sexistes), s'être affiché avec l'ancienne députée FN Marion Maréchal et finalement avoir rallié Eric Zemmour.

Circonscription 7 : Europe Centrale

36.210 personnes ont voté sur les 123.409 personnes inscrites, soit 29,08% de participation au premier tour (dont 74,5% des votants via Internet). Frédéric Petit (MoDem) obtient 34,58 %, devant Asma Rharmaoui-Claquin (LFI-NUPES) à 26,06 %

Circonscription 8 : Italie, Grèce, Chypre, Malte, Turquie et Israël

16.043 personnes ont voté sur les 131.219 personnes inscrites, soit 12,08 de participation au premier tour (dont 83,8% des votants via Internet). C'est la circonscription qui fait exception : ce n'est ni un candidat d'Ensemble ni de la NUPES qui est arrivé en tête, mais le député sortant (UDI) Habib Meyer avec 28.85% des voix. La candidate macroniste Deborah Abisror-de Lieme (LREM), ancienne directrice de cabinet du ministre de la santé Olivier Véran, arrive juste derrière avec 27,78 %. C'est la seule circonscription qui ne voit pas de candidat NUPES au deuxième tour.

Il faut dire que depuis le début, cette circonscription a semblé avoir été taillée sur mesure pour un candidat très à droite. Rappelons qu'à se création il avait été décidé de compenser les votes plutôt de centre-gauche de l'Italie et de la Grèce avec l'ajout d’Israël qui vote toujours à droite, voir à l’extrême droite, comme lors de la présidentielle de cette année.

Circonscription 9 : Afrique de l'Ouest

17.730 personnes ont voté sur les 120.556 personnes inscrites, soit 14,32% de participation au premier tour (dont 59,6% des votants via Internet, le plus faible score). Karim Ben Cheikh, candidat NUPES (Génération.s) et ancien diplomate, a rassemblé 39,99% des voix, devant la candidate de la macronie, l'ex-ministre Élisabeth Moreno avec 28,06%. A noter la présence d'un dissident d'Horizon (déjà !) qui obtient 6,21% des suffrages exprimés et d'un dissident LREM qui fait 1,8%.

Circonscription 10 : Afrique du Centre de l'Est

20.360 personnes ont voté sur les 104.303 personnes inscrites, soit 19,52% de participation au premier tour (dont 63,2% des votants via Internet). La députée sortante Amélia Lakrafi (LREM) obtient 10 points de plus (32,75%) que la représentant de la gauche unie, Chantal Moussa (LFI-NUPES) qui recueille 22,54 %

Circonscription 11 : Asie

28.013 personnes ont voté sur les 98.853 personnes inscrites, soit 28,34% de participation au premier tour (dont 74,5% des votants via Internet). Anne Genetet (LREM) devance la candidate NUPES (PCF) Dominique Vidal de 14 points, avec 38,14 % contre 24,79 % des voix.

Pourquoi les Français de l'étranger votent avant au premier tour?

Dans les 11 circonscriptions des Français de l'étranger, le vote du premier tour se terminait le dimanche 5 juin, soit une semaine avant le vote des Français de métopole et outre-mer prévu pour le 12 juin. S'ils pouvaient voter le 4 juin dans la zone Amérique et Caraïbes, et le 5 juin dans le reste du monde directement dans leur bureau de vote consulaire, ils avaient aussi la possibilité de voter par correspondance ou par Internet du 27 mai dernier au 1er juin (à condition de l'avoir demandé avant le 31 mars dernier), comme l'explique Public Sénat.

Cette spécificité vise à encourager la participation car dans de nombreux pays les Français peuvent être très éloignés de leurs bureaux de vote : dans un pays comme la Chine par exemple, on ne compte que 7 bureaux de vote et 3 en Argentine contre 16 au Royaume Uni. Dans le monde entier hors France, il y a au total uniquement 708 bureaux de vote étaient ouverts sur 435 sites pour élire les onze députés des Français de l'étranger.

Cette organisation vise aussi à pallier aussi les difficultés propres pour acheminer la propagande électorale officielle entre les 2 tours, octroyant 2 semaines à l'étranger alors qu'il n'y a qu'une semaine en métropole.

Au total ce sont 250 000 électeurs qui ont voté sur Internet (soit seulement 17.32% des 1.43 millions de Français inscrits sur les listes électorales consulaires). Ce nombre très faible devrait relativiser les chantres du vote sur Internet, puisque cela semble finalement peser faiblement sur la participation. Au final, en ajoutant le vote dans les bureaux, le taux de participation s'établit à 22.51% (17.32%-Internet, 5.10%-urnes, 0.09% correspondance), soit seulement 3 points de plus que le taux de 2017, quand 19,1 % des inscrits s'étaient déplacés aux urnes alors que le vote sur Internet n'était pas permis.

La participation est comprise entre 29,08 % dans la 7e circonscription (Allemagne et Europe de l'Est) et 12,08 % dans la 8e (Italie, Malte, Saint-Marin, Saint-Siège. Chypre, Grèce, Turquie, Israël), sans véritable règle puisque le territoire le plus vaste, la 11e circonscription (Russie, Asie, Océanie), affiche l'un des moins mauvais scores (27,95 %).

Le second tour des élections législatives pour tous les Français établis hors de France est prévu samedi 18 juin pour le continent américain et dimanche 19 juin pour le reste du monde. Pour ce second tour, les expatriés peuvent aussi voter par Internet à compter de ce vendredi 10 juin jusqu'au mercredi 15 juin.

Les députés des Français de l'étranger, une nouveauté sous Sarkozy

C'est la révision constitutionnelle du 23 juillet 2008 (suite à une proposition de loi du sénateur RFE-UMP Robert Del Picchia) qui introduit la représentation à l'Assemblée nationale des Français établis hors de France en découpant le monde en 11 zones de 80 000 à 160 000 inscrits chacune. Les 1.4 millions de Français de l'étranger sont répartis entre circonscriptions de tailles très différentes : La 6e comprend ainsi uniquement la Suisse et le Liechtenstein alors que la 11e couvre 49 pays de la Russie à l'Océanie en passant par l'Asie.

C'est à partir des législatives de juin 2012 que les Français de l'étranger ont été représentés à l'Assemblée National par 11 députés (un député par circonscription). Ceux-ci s'ajoutent aux 12 sénateurs représentant les Français établis hors de France qui sont élus de manière indirecte par le biais de l'Assemblée des Français de l'étranger - AFE.

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